Les légendes meurent...

Au commencement était le verbe.

Plusieurs veulent connaître ce qu’est «l’Univers de Bahagon». Pour aider ces Anathoïs en crise d’identité, je fais ici une synthèse d’éléments des éléments qui me semblent les plus importants pour bien le définir. Vous remarquerez que je m’attarde uniquement sur l’époque antérieure au jeu. La raison est fort simple : pour savoir où nous allons collectivement, il faut savoir d’où nous venons. Le présent et le futur des Anathoïs, la touche magique qui rend leur destin unique, sont uniquement de votre ressort.

Avant les Anathoïs étaient les mages et avant les mages étaient de simples érudits. Submergés d’incompréhension, ils se sont rassemblés et cachés. De par leur nombreuses expériences, ils ont découvert que chaque objet de ce monde contenait des traces infimes d’énergies. L’esprit comme tel n’a aucune emprise sur le monde matériel, mais en passant par une source tierce d’énergie, les résultats sont étonnants. Il devint alors possible d’allumer une chandelle ou de déplacer sur une courte distance des objets par la simple force de la pensée.

Malheureusement, ce genre d’expérience ne peut rester bien longtemps secret. Les gens percevant de plus en plus des phénomènes qu’ils ne pouvaient expliquer par leur connaissance rudimentaire de la nature, les procès pour sorcellerie ont commencé. Dès lors, les érudits n’étaient plus des scientifiques, mais des mages.

Ils ont tenté de fuir aussi longtemps que possible, mais un jour la confrontation devint inévitable. Les mages décidèrent de fortifier leur communauté et de la défendre grâce à leurs connaissances magiques. De partout dans le monde on venait soit pour les appuyer, soit pour appliquer ce qu’ils appelaient «une justice divine».

Le siège dura si longtemps que personne ne peut vraiment s’en rappeler. La communauté a grandi pour former une véritable ville. Ayant compris que toute solution pacifique était vaine et mue par un amour de la science, une immense académie fut construite pour assurer l’éducation de chacun. De génération en génération, les forces magiques se sont intégrées au code génétique des mages, à un tel point que la magie est maintenant innée chez la plupart des rejetons. Malheureusement, ceux qu’ils nomment les barbares (les gens du monde extérieur) sont de plus en plus puissants et de nouvelles alliance mettent en péril la survie de la communauté thessalienne. Les mages sont certes capables de prolonger leurs longévités, mais la société étant basée sur les études, chaque mort constitue la perte d’un lourd investissement.

Tirée du journal de Torden

Citation :

2e Lune, 3e Jour
Les jours passent et se ressemblent tous sur Thessalie. La guerre, commencée longtemps avant ma naissance nous ravage et je ne vois aucune sortie possible. L'incompréhension des gens face à nos pouvoirs, additionné à des siècles de haine nous laisse clairement comprendre que cette guerre ne finira que par une victoire d'un des deux camps. Aucune paix possible. Bien sûr il est facile pour nous de contrôler les éléments à notre avantage, mais les ennemis sont si nombreux... et nous toujours aussi peu.

Notre seul espoir demeure dans la recherche. Dans quelques heures je vais retourner à l'Académie, le principal centre de recherche de notre peuple. Nos études consistent à trouver des moyens plus efficaces pour contrôler les éléments que le ciel a bien voulu nous donner, et à améliorer les techniques d'enseignement pour nos enfants. Enfants qui sont si rares, et qui meurent toujours trop jeunes.

Sals guerre...

Les découvertes à l'Académie sont très rares, et souvent les effets bénéfiques de ces découvertes sont plutôt limités, mais rien ne peut tuer l'espoir d'un jour être assez puissant pour repousser les hordes barbares et enfin pouvoir connaître une existence sans guerre. Je sais inconsciemment que tout cela est utopique. Nos recherches occultes sont très longues et ardues. Bientôt il ne restera plus personne pour les continuer au rythme où les nôtres finissent sur un bûcher. Trêve de bavardage pessimiste, je dois aller travailler, je reviendrais plus tard continuer mes réflexions.

2e Lune, 4e Jour
Une chose curieuse est arrivée aujourd'hui. En me rendant à la place publique, j'ai croisé un attroupement. Un enfant avait été abandonné. Visiblement il était simple d'esprit. On parle qu'il aurait déclenché un feu. Nos pouvoirs ne sont pas tous appris. La compréhension des éléments vient dès la naissance, c'est ce qui nous diffère des barbares. Chez les simples d'esprit, ayant un sens inné particulièrement fort, les catastrophes du genre étaient assez fréquentes. On parlait de le tuer. Certains trouvaient ça cruel, mais personne ne voulait prendre la responsabilité de l'enfant. Peu à peu les gens se sont entendus pour tuer l'enfant qui pouvait devenir dangereux. J'allais continuer mon chemin lorsque qu'une voix familière se fit entendre. C'était Bahagon, membre très réputé de l'Académie (même si mal-aimé à mon avis), qui a affirmé vouloir prendre l'enfant à sa charge! On m'aurait dit que la terre était ronde et je l'aurais cru avant même d'imaginer Bahagon avec un enfant, qui plus est un enfant simple d'esprit venant de réduire en cendre trois maisons en quelques secondes.

Je ne fus pas le seul à être surpris. C'est un être tacite, l'archétype du scientifique toujours le nez dans les livres. Son étonnante vivacité pour son âge laisse sous-entendre que c'est un personnage très puissant, mais en réalité personne ne le connaît assez pour pouvoir en juger.

2e Lune, 11e Jour
Voilà une semaine que l'enfant a été adopté et il est devenu le centre d'attraction. Je crois que je n'ai jamais vu un enfant aussi gâté que ça. Remarquez que l'académie étant composée de vieillards, qui plus est passent leur journée dans un laboratoire, alors ce n'est pas si surprenant que ça. En regardant le tout avec un peu de recul, je me dis que si Bahagon réussit à apprendre à un simple d'esprit comment faire pour contrôler sa magie, il serait sûrement capable de le faire avec n'importe qui d'autre! Évidemment, c'est un peu tiré par les cheveux, mais je veux bien laisser a ce vieil homme ses espoirs.

2e Lune, 26e Jour
Réaction curieuse chez l'enfant. Celui-ci devient étonnamment puissant. Maintenant ce n'est plus juste les membres de l'académie qui ont les yeux rivés sur l'enfant. Mais les communautés scientifiques indépendantes aussi. Il paraît même qu'un membre du gouvernement serait venu voir l'enfant. Bahagon affirme que le futur de notre race dépend de cet enfant. J'avoue que je ne sais plus trop quoi penser. Avec tout le respect que je lui dois, j'en doute.

3e Lune, 17e Jour
Je sais que je prends de plus en plus rarement le temps d'écrire dans mon journal, ce qui se passe actuellement occupe la grande majorité de mon temps. Dans les rues on ne fait que parler de l'enfant prodige. Pour sa part, Bahagon demande de plus en plus de ressources pour ses recherches. Je crois que nous sommes en train de perdre le contrôle de la situation.

3e Lune, 25e Jour
Perte double aujourd'hui. L'enfant prodige est mort et un raid dans le but de capturer des barbares (dans je ne sais trop quel but) nous a coûté un nombre faramineux des nôtres. La guerre touche à sa fin et nous ne serons pas des vainqueurs.

Derrière les extraits de ce journal se cache une découverte extraordinaire. Je vous épargne les détails qui seront tous présents dans le livre, mais la force des Anathoïs, grâce à la vénération de simples barbares fut portée à un niveau inimaginable. En moins d’un mois, la Thessalie fut conquise et les barbares soumis en esclavagent. La guerre était gagnée. Les mages sont devenus Anathoïs. Un être dont la puissance est suffisante pour se faire considérer... comme un dieu.

Le pouvoir est grisant et plusieurs Anathoïs en voulant encore plus. Une nouvelle guerre éclate. Cette fois fratricide. Les forces destructives en émanant sont si puissantes que la Thessalie en fut presque complètement détruite.

Citation :

« La brume déchirée par les cris, le sol souillé de sang, juché de pierre, de métal et de morts. L’air était jaunâtre, malsain, grésillant de forces magiques. La guerre entre les Anathoïs touche à sa fin. La désolation ne semble pas avoir de limites. Nous étions des milliers et là nous ne sommes plus que six. Les six plus puissants seigneurs, les premiers à avoir initié cette guerre sans fin. Une lutte pour régner sur les plus belles terres en ce monde. Ironiquement il n’en reste plus rien.

C’est Chaos, le plus faible des six, qui a finalement trouvé un arrangement, pour faire cesser cette horreur : un concours, d’une durée d’un an, pour déterminer lequel d’entre nous pourra régner sur Thessalie. Ce qui est bien dans cette idée, c’est que la conquête ne coûtera pas la vie aux cinq autres, derniers des Anathoïs, évitant ainsi notre disparition. Face aux arguments de cet homme, dont je dois avouer le charisme, tous furent d’accord. Pour en résumer les termes dans un langage que tout le monde comprend, on pourrait dire : « que le plus fort gagne ».

Évidemment à cette époque, nous pensions que nous étions les derniers de notre race. Pourtant, un jour un Anathoï fut trouvé, dans un état pitoyable, en bordure de nos terres. Chaos, fessant office de juge pour le concours (il prétend dédaigner la perspective de régner sur qui que ce soit), décida qu’une parcelle de terre serait offerte au rescapé, mais en échange il devait comme tous les autres, se soumettre aux règles du concours. Ce n’était que le premier d’une longue série de rescapés auxquels nous avons offert ces termes. Nous croyions être les derniers, mais ils étaient des centaines à errer dans la vaste désolation. Jour après jours nous les avons accueillis, tel un berger avec un troupeau de brebis égarées.

Nous voilà rendus aujourd’hui, au même point que nous l’étions. Les tirades diplomatiques pour attirer de nouveaux sympathisants ont rapidement été remplacées par l’acier forgé et le feu des mages. De nouveau nous sommes plongés dans une guerre dévastatrice, dans le but de remporter le foutu concours d’un homme dérangé. La majorité ne savent même pas pour qui ou pour quoi ils se battent. Tout n’est qu’horreur. La terre en laquelle ils ont vu une salvation sera probablement pour tous, leur damnation. »

Le concours tira à sa fin et un vainqueur fut choisi : Memnon. Chaos le déclara gagnant et demanda à tous les autres Anathoïs de respecter les règles et de se soumettre à lui. Plusieurs obtempérèrent, mais la décision fut loin d’être unanime. Finalement, un regroupement secret fut fondé pour détrôner en secret Memnon. Du coup, la guerre repartie de plus belle. Le concours qui était censé rallier une fois pour toutes les Anathoïs ne fut qu’une source de discorde sans fin. Chaos voyant le refus des Anathoïs de s’allier, décider de les punir. Il réunit neuf personnes qu’il croyait assez dignes pour diriger les terres dans le futur et déclencha le sort le plus puissant jamais vu encore. Où il acquit cette force demeure un mystère pour bien des gens encore aujourd’hui. Une effroyable vague magique emporta le continent dans un tourbillon. Personne ne sait exactement ce qu’il s’est passé en outre de ses résultats. Les Anathoïs avaient oublié tout ce qu’ils étaient. Sans même la connaissance de leur nom, tout était à recommencer. Chaos espérait ainsi donner une deuxième chance aux Anathoïs de tout recommencer. En mieux cette fois.

Il a donné un lopin de terre a toutes ses brebis avant de se retirer et de laisser le contrôle aux seuls Anathoïs connaissant leur terrible histoire, avec la tâche de faire mieux. Même absent, Chaos était le maitre incontesté des terres...